CHAMPVENT – Si on connaît bien le château de Champvent, celui de Saint-Christophe n’a pas la même aura, mais vaut le détour. Il est lui aussi situé sur la commune de Champvent et non pas celle de Mathod, village qu’il domine. Inscrit comme bien culturel suisse d’importance nationale, on le trouve en prenant la direction de Rances, après le terrain de football. En fait, il ressemble plus à un grand manoir et il a gardé ce nom de Saint-Christophe, issu d’un ancien village paroissial qui existait déjà au 13e siècle.
Ce petit bourg comprenait notamment une église et une cure et, après l’invasion bernoise et l’installation de la Réforme, il a été acheté en 1542 par Jost de Diesbach, notable bernois alors bailli d’Echallens. Ce dernier a transformé l’église en four et la cure en manoir, puis il a agrandi le domaine. Saint-Christophe est alors devenu un fief rural d’une certaine importance.
Les conditions de Berne
La propriété est restée dans la famille Diesbach pendant environ 200 ans, puis elle a passé entre les mains de Jean-Charles Thormann, qui voulait en faire une commune indépendante. Il adressa une demande au gouvernement bernois, qui exigea certaines conditions. Mais comme celles-ci n’ont pas pu être remplies, le manoir et le hameau environnant sont restés rattachés à la commune de Mathod puis, dès le 8 juin 1811, à celle de Champvent. En 1744, le petit-fils Georges Thormann vendit le domaine et la maison à Jean Lambert, bourgeois d’Yverdon. La propriété passa ensuite à la famille Matthey, puis à L.-A. Guye en 1841.
Consoles en bois sculpté
Aujourd’hui c’est un hameau composé de la maison de maître, d’un ancien grenier à blé, de deux vastes fermes et de dépendances. Presque carrée, la maison de maître est couverte d’une imposante toiture. La façade principale comporte un avant-toit supporté par douze consoles en bois sculpté; elle est agrémentée d’un clocheton carré abritant une cloche datant de 1703. Quelques ouvertures (porte cintrée, petites fenêtres à accolades) remontent à la première moitié du 16e siècle.
Deux grandes cheminées
A l’intérieur, une imposante rampe d’escalier en pierre ajourée porte la date de 1686. Il y a aussi deux grandes cheminées (16e siècle), d’anciens plafonds à poutres saillantes, de remarquables boiseries, ainsi que de nombreux poêles en faïence. Jusqu’à la fin du 19e siècle, le manoir a subi tèrs peu de transformations. Puis, privée d’occupants dès 1920, elle est restée presque intacte. Mais une remise en valeur lui donnerait plus de splendeur. Le parc qui l’entoure s’enorgueillit de deux superbes arbres géants et offre une belle vue sur le village de Mathod en contrebas. R. Jt (sources: swisscastels et archives cantonales).